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Femmes et handicap : une lutte sur plusieurs fronts ! 06 juil. 2017
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Le comité de l’ONG Women With Disabilities est composé de sept femmes porteuses de handicap qui militent pour que leurs pairs soient reconnues à leur juste valeur. Leur vision : que l’inclusion de la personne avec un handicap dans toutes les sphères de la société devienne une réalité et soit une norme.


Hélène de Cazanove assure depuis l’an dernier, la présidence de cette association. Elle succède à cinq années de présidence de Nalini Ramasamy, qui a pris le rôle de trésorière. Women with Disabilities (WWD) a été lancée à l’initiative de cette dernière, revenue de plusieurs ateliers au Kenya organisés par EAFOD (Eastern Africa Federation of the Disabled) pour les pays d’Afrique de l’Est.

Boostée par les rencontres qu’elle y a faites et l’envie de faire bouger les choses dans son pays, elle lance en 2012, avec le soutien du Ministère de la Sécurité sociale et du NCRD (National Council for the Rehabilitation of Disabled Persons) ce qui était alors le Women with Disabilities forum, visant à regrouper les femmes avec tous types de handicap. Puisque en tant que femme, la discrimination liée au handicap est d’autant plus forte, selon les deux porte-paroles de WWD.

L’idée : mettre en place une instance qui agirait pour les femmes concernées en tant que facilitateur, les renforcerait en capacités, leur apprendrait leurs droits, et formerait un réseau inclusif pour toutes les personnes avec handicap physique, auditif, visuel et intellectuel, au lieu de les catégoriser selon le type de handicap.

Car, soulignent Nalini Ramasamy et Hélène de Cazanove, « toutes les femmes en situation de handicap font face aux mêmes problèmes : accès aux finances, aux formations, à l’éducation, au transport | employabilité et autonomie réduites, droits bafoués (informations, services publiques, santé sexuelle et reproductive) | souffrance quant au regard des autres, etc… »

Des citoyens comme tous les autres

Le principal combat de l’ONG Women with Disabilities est de rendre la question du handicap « mainstream » et qu’elle s’insère dans tous les secteurs de la société afin que l’intégration de la personne entre dans les normes et ne soit plus perçue comme une demande spéciale ! « Nous devons avoir accès à toutes les choses auxquelles les citoyens sans handicap ont droit : éducation, services, accès aux bâtiments », déclare la trésorière de WWD.

« C’est une bataille sur tous les fronts car les personnes en situation de handicap font partie de la société ! », ajoute Hélène de Cazanove. Intégrer le monde du travail, par exemple, est souvent un parcours du combattant pour une personne atteinte de handicap. Pour l’instant, soutiennent les deux femmes, beaucoup d’employeurs ne sont pas prêts à accueillir une personne porteuse de handicap.

« Puis, il faut éduquer l’employeur, lui donner les outils pour qu’il soit à même d’accueillir ces personnes, qu’il soit conscient de leurs droits, et que l’environnement de travail, notamment les infrastructures, s’adaptent à eux », souligne la présidente.

L’auto-stigmatisation : une réalité dans une société handicapante

Mais lutter sans la participation des personnes directement concernées manque de poids. « Nous ne pouvons n’être qu’une poignée de personnes à nous battre pour les droits des personnes porteuses de handicap. Elles-mêmes doivent venir de l’avant et ne plus se dévaloriser, en ne se souciant plus de ce que disent ou ne disent pas les autres », ajoute Nalini Ramasamy.

Conditionnées au sein de leurs propres cercles familiaux à penser qu’ils sont incapables de telle ou telle chose, ils finissent par adopter cette croyance, ajoute sa collègue. « Si la personne est en situation de mobilité réduite, oui, elle est déficiente, mais elle n’est pas dans une situation handicapante ! C’est la société qui la handicape car elle n’est pas prête à l’accueillir et place des barrières ! »

Nalini Ramasamy abonde dans le même sens : « Les barrières sont sociétales. Pourtant, il y a plein de situations qui sont handicapantes pour n’importe qui ». Par exemple, explique-t-elle, ne pas savoir conduire ou lire pourrait être handicapant, dépendant du contexte. « Mais on vous donnera quand même votre chance à l’emploi basé sur vos capacités. Quand une personne est porteuse de handicap, l’on ne se concentre plus sur ses capacités mais sur son handicap. »

Mis à part l’employabilité, l’accessibilité aux services de santé est une des luttes phares de l’association. Il y a quelques temps, l’ONG a lancé un plaidoyer pour que les salles de consultation des hôpitaux publics soient équipées de « consultation couchs » qui soient ajustables, ce qui pour l’instant n’est pas le cas, et qui rend la consultation pénible pour les personnes avec un handicap physique (notamment celles qui sont en fauteuil roulant).


Les activités de la WWD

Depuis la création de WWD, différents événements majeurs ont été organisés :

  • Cours de leadership du Blind Association en Inde en 2013 ;
  • Visite des femmes atteintes de handicap de Madagascar en 2014, organisée conjointement par le NCRD et le WWD ;
  • Lancement de la culture de plantes médicinales en 2015.

Des représentants de l’ONG ont aussi rencontré la Présidente de la République pour lui soumettre une liste de doléances. L’association a notamment soulevé la question des abus et violences envers les filles et les femmes atteintes de handicap.

« Cette année nous aiderons les femmes avec handicap à budgéter leurs fonds et nous entamerons une conscientisation sur leurs droits sexuels et reproductifs. L’article 25 de la United Nations Convention on the Rights of Persons with Disabilities (UNCRPD) reconnaît le droit des femmes avec handicap à accéder aux informations sur la santé et aux services liés à la santé reproductive. Nous invitons donc les femmes et filles avec handicap à se joindre à nous pour faire entendre leurs voix. Et l’article 6 de cette même convention est dédiée aux femmes porteuses de handicap et le rôle de l’Etat pour leur bien-être sur tous les fronts. »

La WWD est affiliée à la Disabled Women in Africa et la Voice of Disabled People International.
Pour les contacter : wwdwomenwithdisabilities@gmail.com.

 

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