AIDS Candlelight : Virus Indétectable = Virus Intransmissible
15 mai 2018
Le 20 mai, le International AIDS Candlelight Memorial sera observé dans le monde et à Maurice, au Caudan, à partir de 16h. Cette cérémonie-hommage aux personnes décédées des suites du VIH a lieu depuis 12 ans ici et en est à sa 35e année dans le monde. Rencontre avec Nicolas Manbode, le coordinateur pour Maurice de ce moment de sensibilisation internationale à la cause du VIH.
- “Reflecting on our Past, Preparing for our Future!” : C’est le thème cette année. A Maurice, le International AIDS Candlelight Memorial est organisé depuis plus de dix ans. Qu’est-ce que le Candlelight a apporté à la lutte contre le sida à Maurice ?
Traduit en créole, le thème 2018 se lit comme suit : « Reget sekinn pase pou prepar nou lavenir ! ». Après 12 ans de commémoration à Maurice, on peut dire que beaucoup de personnes directement ou indirectement concernées ont maintenant une vision différente du VIH. Il y a moins de fausses idées et beaucoup de mythes ont été dissous grâce au mouvement.
Hélas, il reste quand même beaucoup à faire pour sensibiliser le grand public - surtout ceux travaillant dans le système de santé public - quant à l’impact de ces préjugés qui perdurent et le mal qu’ils occasionnent envers les personnes les plus vulnérables vivant avec le VIH et/ou le VHC (virus de l’hépatite C).
- Diriez-vous que la discrimination subie par les personnes vivant avec le VIH (PVVIH) est une cause indirecte de décès chez elles ?
Malgré les nouveaux traitements disponibles et gratuits pour les personnes séropositives, on peut dire que oui, la discrimination et la stigmatisation dans les centres de santé, notamment les hôpitaux, contribuent à ce que beaucoup de personnes directement concernées se retirent ou évitent ces centres, demeurant dans le déni de leurs statuts sérologiques. Ceci provoque chez elles une baisse du système immunitaire, qui mène souvent au décès. D’autant que chez les personnes issues de ces populations clés, leur « choix de vie » les rend sujettes à encore plus de discrimination.
- Qu’a prévu le comité organisateur du Candlelight cette année ?
Nous avons prévu la commémoration nationale au Caudan le 20 mai entre 16h et 21h30 avec bien sûr un moment de recueillement pour les personnes décédées, mais surtout, un moment pour nous pencher sur la « cascade VIH ».
Il s’agit de chiffres des différentes étapes de prise en charge médicale des personnes vivant avec le VIH à Maurice, qui nous montrent un dysfonctionnement flagrant dans notre système de prise en charge, en gardant un focus sur le message I=I (Indétectable = Intransmissible), qui est l’objectif ultime de la prise en charge médicale de la personne vivant avec le VIH. (Ndlr : Une personne séropositive prenant correctement son traitement devient, à terme, non-contaminante, le taux de virus dans son corps étant trop bas pour être transmis).
Ce message d’avenir est en lien avec le thème, qui vise à réduire la stigmatisation en promouvant le dépistage et l’accès au traitement, avec un minimum de deux tests de charge virale (nombre de virus dans le corps) par année pour mesurer l’adhérence au traitement des personnes sur antirétroviraux (ARV).
- Quels sont les axes de plaidoyer que vous adopterez autour du Candlelight 2018 ?
La décentralisation de la distribution des médicaments (ARV) afin d’étendre leur accès à un plus grand nombre de personnes ; le message I=I pour réduire la stigmatisation et amener plus de personnes à se faire dépister ; encourager les deux tests de la charge virale minimale par année pour tous ceux qui sont sur traitement ; encourager le traitement de l’hépatite C pour tous ; avoir une approche holistique et uniforme dans tous les centres de soins (les DCCI - Day Care Centres for the Immunosuppressed).
- De plus en plus, la lutte contre le VIH inclut la lutte contre le VHC, virus de l’hépatite C. Pourriez-vous rappeler le lien entre l’hépatite C et le VIH ?
Le VIH et le virus de l’hépatite C (VHC) posent tous deux des problèmes majeurs de santé public dans le monde, avec un mode de transmission commun – la transmission sanguine. En 2016, l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS) estimait que 2.3 millions de personnes dans le monde vivaient avec une coïnfection VIH-VHC.
A Maurice, les données sur le VHC sont très limitées et nous ne disposons pas d’un plan national pour tester, diagnostiquer et traiter les hépatites virales malgré tout le progrès fait au niveau mondial. Les patients sont peut-être adhérents à leur traitement VIH mais souffrent de complications du foie probablement liées à une hépatite que seul un diagnostic bien établi pourrait confirmer avant que le patient ne reçoive le traitement adéquat, si tant est qu’il y ait accès.
Pourtant, bien que le VIH nécessite un traitement à vie avec des ARV, le VHC peut être guéri avec des traitements plus récents et plus abordables tels que le Harvoni et le Sofosbuvir, qui sont déjà enregistrés et disponibles dans nos hôpitaux publics. Une personne ne devrait pas se voir refuser l’accès à un diagnostic et un traitement du VHC simplement parce qu’elle vit avec le VIH, qu’elle est sur traitement méthadone ou qu’elle s’injecte des drogues.
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