Fin janvier, une rencontre de l’Union Africaine a permis d’adopter un protocole sur les droits des personnes porteuses de handicap en Afrique. L’ébauche de ce protocole a été poussée par la société civile africaine avec le soutien de l’Africa Disability Alliance (ADA), dont Maurice fait partie. L’ADA et ses pays-membres plaident désormais pour que cette loi soit ratifiée d’ici 2019. De quoi poser les bases d’une loi sur le handicap spécifique à la région africaine.
L’Africa Disability Alliance (ADA), dont le Vice-Président est Yousouf Noormamode, l’un des fondateurs du EDYCS Epilepsy Group à Maurice, a, entre autres, mis en place le projet ARADI dans huit pays africains. Le but de ce projet, qui s’étale sur trois ans, est de maximiser le plaidoyer pour la ratification du Africa Disability Protocole dont il est question, afin de venir de l’avant avec une loi répondant mieux aux besoins des personnes avec handicap sur la région Afrique.
Sous le projet ARADI, le besoin de recentrer la question du handicap dans les circuits classiques tous secteurs confondus est constamment mis de l’avant. Le but de ARADI est de promouvoir les droits des personnes porteuses de handicap et de mettre de l’avant le Africa Disability Protocole : « Plusieurs ateliers ont été réalisés dans ce sens – avec des journalistes, avec la société civile et avec les bénéficiaires concernés par la question du handicap ».
Plaidoyer : rencontres et ateliers
Depuis octobre dernier, explique Yousouf Noormamode, des consultations ont eu lieu avec différents acteurs de l’Etat – notamment le Human Rights Commission, le Ministère de l’Egalité du Genre, le Ministère de l’Education et le National CSR Foundation. « Notre objectif est de pousser pour que des représentants de l’Etats soient présents à l’Union Africaine lors de la ratification du Africa Disability Protocole afin que Maurice soit aussi signataire de ce document. »
Sous ARADI, il existe un document détaillant une stratégie de plaidoyer structurée avec différentes consultations et rencontres, et un outil de plaidoyer à utiliser à travers les médias. « Parmi les initiatives prévues dans les mois à venir : un atelier de travail sur la situation du handicap en Afrique, avec la collaboration du Ministère de l’Education et des écoles liées, directement ou non, au domaine du handicap ainsi que des centres de formation. »
Un atelier similaire est prévu avec un groupe de personnes porteuses de handicap et de personnes sans handicap. Par ailleurs, quatre ateliers sont prévus à Rodrigues avec les médias, la société civile, des parlementaires et des bénéficiaires d’ONG concernés. Le but étant de conscientiser au mieux sur la situation du handicap en Afrique.
Jusqu’ici, le retour semble plutôt positif. Yousouf Noormamode dit avoir noté une écoute attentive et un désir des différentes parties prenantes de soutenir le projet. Autour du mois d’avril, une conférence régionale sera organisée à Maurice avec différentes instances politiques et judiciaires des pays-membres du Africa Disability Alliance en vue d’étaler les différentes données récoltées lors des réunions consultatives.
Vers la ratification du Africa Disability Protocole
L’objectif est que la ratification de cette loi par les différents pays membres de l’Union Africaine ait lieu d’ici novembre cette année et que tout soit finalisé pour la domestication de la loi en 2019. Ceci, espère Yousouf Noormamode, aura des répercussions positives sur la question du handicap dans les états-membres, qui ont chacun leurs attentes. A Maurice, espère-t-il, cela poussera peut-être à l’implémentation du Disability Bill, qui existe déjà mais attend lui aussi d’être ratifié.
En attendant le Disability Bill, il n’existe pas encore de loi commune standardisant la prise en charge de personnes atteintes de handicap à Maurice, poursuit-il, bien que plusieurs instances différentes existent et opèrent chacune de son côté : les Special Education Needs schools du Ministère de l’Education ou le Disability Unit du Ministère de la Sécurité sociale notamment…
Ce qui a poussé à la mise sur pied du Africa Disability Protocole...
Si presque tous les pays ont signé la convention internationale des droits humains pour les personnes en situation de handicap, et que chacun tente tant bien que mal de cadrer ses actions avec cette convention, elle ne répond, dans la pratique, pas tout à fait aux besoins réels des pays africains, souligne M. Noormamode.
La société civile de l’Afrique (dont une forte mobilisation des organisations travaillant avec les personnes en situation de handicap) a ainsi fait pression auprès des leaders siégeant sur l’Union Africaine, pour la mise sur pied de ce Africa Disability Protocole afin de mieux répondre aux besoins des pays concernés. Une des organisations ayant le plus poussé pour la mise sur pied de ce document est l’Africa Disability Alliance, qui travaille étroitement avec différentes instances régionales telles que le Conseil Panafricain.