Les prochains mois sont synonymes de renouveau pour plusieurs ONG : réagencements des équipes, repositionnements stratégiques, révision de certains projets pour être en phase avec les nouveaux besoins des bénéficiaires, provision pour des moments qui s’annoncent financièrement difficiles… Il s’agira aussi de porter plus loin certaines solutions urgentes trouvées pendant le confinement et qui se sont révélées efficaces.
Capitaliser sur les liens renforcés entre les équipes et les bénéficiaires directs et indirects
APEIM
Pour l'APEIM, comme pour bon nombre d’ONG, cette étape post-confinement annonce les débuts d’une ré-organisation des services et une réflexion sur les prochaines directions à prendre. Ceci, pour s’aligner à de nouvelles réalités économiques, alimentaires et sociales : après deux mois de confinement, le travail sera à refaire avec les jeunes bénéficiaires de l’association, notamment sur le plan psychomoteur et psychologique ; le budget de l’association sera réduit, car les entreprises donatrices subiront les impacts du confinement ; les parents seront eux-aussi dans une situation économique vulnérable et il faudra voir comment les aider.
Mais il s’agira également de surfer sur la vague de belles choses qu’a apporté ce moment particulier : les liens avec les parents sont resserrés ; l’équipe est, plus que jamais, soudée et mobilisée, tous les acteurs sont motivés pour s’unir et avancer ensemble ! Jocelyne Beesoon, directrice de l’APEIM, est focalisée sur ces belles choses : « le confinement a été un retour à l’essentiel et sous plusieurs formes ; l’APEIM a été créée il y a plus de 50 ans en tant qu’une association de parents. Pour moi, l’APEIM est avant tout, une famille. C’est maintenant ou jamais que nous devons d’être présents pour les familles que nous accompagnons. »
Le mouvement d’accompagnement à distance lancé pendant le confinement, sera ainsi perpétué. Et dans l’optique de donner plus de place d’expression aux parents qui après tout, sont les premiers à vivre directement le handicap de leurs enfants, soutient la directrice de l’ONG, l’association pense lancer des groupes de parole animés uniquement par les parents, dans une optique de partage d’expérience entre parents aux vécus similaires. Vivre deux mois enfermés avec des enfants porteurs de handicap a été psychologiquement très lourd pour ces personnes. Certaines personnes appelaient à 22h car ils ne savaient plus quoi faire.
« Nous avions le challenge de sortir de nos zones de confort et d’entrer dans leur intimité en bravant les interdits que nous nous étions nous-mêmes fixés à l’association, soit notamment le fait de bien démarquer nos vies personnelles et professionnelles. Cette limite n’était plus possible pendant le confinement car il nous fallait maintenir le contact avec les parents et nous devions donc utiliser nos numéros de téléphone personnels. Julien Quenette, notre psychologue a accepté de former le personnel à l’écoute active par Zoom, afin que ceux-ci, puissent répondre au mieux à l’appel des parents en détresse. Comme à un moment, nous n’avions plus de Work Access Permit et qu’il fallait donner des médicaments urgents à certains parents, notamment pour les bénéficiaires épileptiques, les deux médecins de l’APEIM se sont chargés de faire la distribution. Toute cette ambiance que nous avons installée ensemble a fait que les parents se sont sentis écoutés. »
Future Hope
ONG basée à Ste Croix - avec des antennes également à Roche-Bois, Cité la Cure et Petite Rivière -, Future Hope accompagne dans leur scolarité environ 120 jeunes, et avait toute une liste d’activités prévues en 2020. Pour cette équipe aussi, le confinement et son lot de singuliers défis a apporté avec lui davantage de dynamisme et de motivation. Un élan que Marie-Noëlle Ramdeen, la directrice, compte porter le plus loin possible au fil des prochains mois ! « Nous avons réinventé notre façon de travailler. Comme la quinzaine d’enfants que nous suivons sous l’école de jour n’avait pas, pour la plupart, de facilités de connexion à l’Internet, nous avons fait toutes les semaines des copies des devoirs des enfants et nous allions les leur déposer chez eux, en reprenant ceux de la semaine précédente pour les corriger. »
Ces démarches, parmi d’autres, ont permis de rétablir un bon échange éducateur-parent-enfant, définitivement un lien que l’ONG compte creuser davantage dans les mois qui viennent. « Encourager l’implication des parents dans la vie scolaire de leurs enfants est une étape importante pour la réussite de l’enfant dans son parcours. Ce que nous avons beaucoup noté dans les mois écoulés et sur quoi nous comptons absolument capitaliser davantage, c’est le lien renforcé entre le parent et l’enfant, qui fait toute une différence dans la motivation de l’enfant à avancer », note Marie-Noëlle Ramdeen.
Reprendre le travail auprès de personnes dépendantes aux drogues
Centre de Solidarité pour une Nouvelle VieAu niveau du Centre de Solidarité pour une Nouvelle Vie, l’accueil des patients dépendants aux drogues et à l’alcool reprendra dans le local de l’association à Rose-Hill le 8 juin et sera limité à une dizaine de personnes, ce qui implique qu’il ne sera pas possible pour le Centre de répondre, dans un premier temps à la demande. Epineuse question qu’est celle de la demande de traitement pour des addictions aux drogues en cette période post-COVID-19, et qui nécessite d’avoir des réponses adéquates. Si elle n’est pas traitée alors qu’il y a demande de mise sous traitement, une addiction à la drogue a des répercussions sociales, souligne Edley Jaymangal, directeur de l’ONG.
Au niveau du centre résidentiel de Solitude, la reprise est prévue pour le 15 juin avec les bénéficiaires qui étaient déjà en cours de traitement, pour une mise au point avec eux sur ce qu’ils souhaitent pour le traitement entamé et dans quelle direction ils souhaitent aller. Comme le confinement a contraint le personnel de limiter le contact avec les bénéficiaires à des appels via Zoom ou le service de messagerie du réseau social Facebook, rétablir le contact visuel et les entretiens en face-à-face est très important, le langage corporel et le contact humain étant des éléments primordiaux du processus de réhabilitation, explique Edley Jaymangal. « D’autant plus que le premier contact au port d’un masque enlève selon moi, un côté humain qui est essentiel pour la réussite des prochaines étapes, dont les thérapies. »
Centre Frère René Guillemin
Au niveau du Centre d’Accueil de Terre Rouge, qui gère le Centre Frère René Guillemin - CFRG - (spécialisé dans la prise en charge de jeunes personnes mineures dépendantes aux drogues synthétiques, notamment via des méthodes de prévention par le biais de techniques d’art thérapie), les prochains mois seront concentrés dans la construction d’un nouveau local pour le CFRG.
« Nous avions soumis l’an dernier un projet d’extension du bâtiment pour permettre les activités extérieures avec les jeunes. Ce projet, éventuellement converti en projet de construction toujours financé à travers une levée de fonds du Round Table, attend l’approbation du District Council de Pamplemousses. Si tout va bien, la construction devrait démarrer en août et être complété en décembre », explique Judex Deruisseau, coordinateur du CFRG.
Ce nouveau bâtiment répondra ainsi à des besoins identifiés lors des derniers mois pour permettre une meilleure efficacité de la réponse apportée aux jeunes concernés, notamment une salle multifonctionnelle, un bureau, deux salles de counseling, de nouvelles toilettes et une provision pour des rampes.
En parallèle, le CFRG prévoit de relancer des programmes qui était en cours avant le confinement : le programme Noubaz – qui concerne des interventions de l’équipe à Résidence Kennedy ; des sessions de prévention à l’Ecole Technique de Saint Joseph à Rose-Hill, ainsi que des sessions d’art thérapie au centre Nénuphare de l’hôpital de Montagne Longue – espace réservé à la prise en charge médicale et psychologique de jeunes mineurs dépendants aux drogues synthétiques et géré par le Ministère de la Santé et de la Qualité de la Vie.
Le CFRG avait aussi pour projets de lancer des sessions dans une école de filles de Bambous et des ateliers avec un nouveau groupe de jeunes du centre Caritas Lakaz Lespwar Solitude.
Se lancer dans les cours à distance
Society for the Welfare of the Deaf
Pour la Society for the Welfare of the Deaf ONG qui gère l’Ecole des Sourds de Beau-Bassin, il s’agira de maximiser les opportunités de cours à distance, et pour cela, l’ONG travaille sur un projet de « e-learning channel » pour l’école. « Nous ne connaissons pas trop les modalités techniques mais nous souhaitons quelque chose de vraiment accessible et facile d’utilisation pour nos bénéficiaires », explique la responsable Aartee Bissonauthsing. En attendant la reprise de l’école, prévue pour le mois d’août, la Society for the Welfare of the Deaf envisage de poursuivre les cours en pâtisserie commencé par les jeunes avant le confinement, un cours donné avec l’aide de Caritas Ile Maurice et de son école de pâtisserie.
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