Depuis 2010, en parallèle à la Coupe du Monde de Football, se tient la Street Child World Cup, un événement initié par l’organisation anglaise Street Child United, et qui met de l’avant, au-delà de l’aspect sportif, des opportunités de plaidoyer pour la cause d’enfants en situation de rue partout dans le monde. SAFIRE, ONG mauricienne travaillant avec les enfants en situation de rue, met tout en œuvre à chaque édition pour que les enfants qu’elle suit participent à cette rencontre annuelle de plaidoyer international pour et par les enfants en situation de rue, ce qu’ils font depuis la 2e édition, en 2014.
« Le travail de préparation pour établir les bases du discours de plaidoyer sur lesquels se focaliseront les enfants lors de la Street Child World Cup d’octobre 2022 à Doha a été entamé depuis avril cette année chez nous », explique Amanda Van Schellebeck, Administrative and Monitoring Coordinator chez SAFIRE. A la lumière de la Journée Internationale des Droits de l’Enfant qui sera observée mondialement le 20 novembre, SAFIRE met ici en exergue ce travail de fonds réalisé auprès de ses enfants bénéficiaires. Travail dont le focus sur les droits des enfants à une Education inclusive et prenant en compte l’individualité de chaque enfant constituera le fondement du plaidoyer qui sera porté par les enfants de rue mauriciens sous les projecteurs de la Street Child World Cup Doha 2022.
24 présélectionnés sont pour l’heure suivis, accompagnés et sensibilisés sur la question des droits de l’Enfant à l’Education chez SAFIRE ; une dizaine d’entre eux seront sélectionnés au début de l’an prochain pour faire partie de la délégation d’enfants de rue mauriciens participant à l’événement à Doha. Auprès des présélectionnés pour l’instant, la préparation comprend des entretiens vidéo, en face-à-face, en groupes ou par le biais d’activités ludiques, pour comprendre leurs vécus et identifier avec eux les manquements systémiques et juridiques qui les empêchent d’accéder pleinement à leurs droits aujourd’hui dans la société mauricienne dans laquelle ils vivent ; pour comprendre leurs rêves aussi, et ce à quoi ils aspirent.
Dans une île Maurice qui rend pourtant l’école légalement obligatoire jusque l’âge de 16 ans, de nombreux enfants trainent encore les rues et sont laissés pour compte par un système qui ne fait pas d’efforts pour les inclure :
Et au-delà de tout ceci, la Covid-19 et ses impacts sur l’éducation des enfants, notamment sur celle des enfants pauvres, soutient Edley Maurer, Manager de SAFIRE : peur des parents d’envoyer leurs enfants à l’école, situation accrue de chômage et de pauvreté, enfants livrés à eux-mêmes parce que les parents travaillent et les écoles sont fermées, problèmes d’accès à internet pour suivre les cours en ligne… « Sur les quelque 350 bénéficiaires en situation de rue que nous suivons chez SAFIRE, 84 sont des enfants qui sont bien scolarisés mais avec un taux d’absentéisme aggravé (absent 3 ou 4 jours par semaine ou même sur tout un mois parfois). Et sur ces 84 enfants scolarisés, 24 enfants ont laissé tomber l’école depuis le premier confinement », souligne Amanda Van Schellebeck.
Une situation qui pousse SAFIRE à travailler sur une stratégie de plaidoyer long-terme pour les cinq ans à venir pour que les droits des enfants à l’Education soient dûment considérés à Maurice. L’étape du Street Child World Cup l’an prochain fait partie de cette stratégie car elle permettra de former de futurs autoreprésentants au sein même des enfants-bénéficiaires de SAFIRE. Cette étape permettra également de faire remonter vers des instances internationales la cause des enfants de rue mauriciens et de leurs difficultés d’accès à une éducation de qualité.