Cette année, le groupe ABAIM fête son 40e anniversaire. Loin d’avoir pris un coup de vieux, l’association évolue sur une note cohérente vers son objectif de transmission du patrimoine immatériel, et enchaîne les projets et les expériences. Parmi, la récente participation d’ABAIM à un festival de musique traditionnelle à Kaustinen, petit village finlandais, du 11-17 juillet, dont une prestation sur scène lors d’un grand concert donné par l’UNESCO.
ABAIM au Festival Kaustinen :
Questions à Alain Muneean, membre fondateur du Groupe ABAIM
Le Festival Kaustinen est un des plus grands festivals de musique traditionnelle au monde et ABAIM était de la partie cette année. Comment a été l’expérience ?
Une expérience fabuleuse ! L’accueil était chaleureux avec l’accompagnement permanent d’une volontaire très dévouée. Les facilités d’hébergement nous convenaient très bien à cause de la proximité avec les lieux de prestations. Les spectacles, les rencontres et les séminaires se sont déroulés dans de très bonnes conditions.
Qu’est-ce que cela représentait pour ABAIM de se produire dans un festival de ce type et de cette envergure ?
D’abord une reconnaissance extraordinaire du travail d’Abaim sur le plan du patrimoine immatériel. Puis, une expérience unique pour chaque membre du groupe, du plus grand au plus petit. Une grande fierté aussi du fait des réactions d’intérêt, de participation et d’échange avec les différents publics présents là-bas. En six jours, nous avons honoré tous nos engagements en participant à 12 concerts et trois séminaires sur des enjeux liant musique, nature, apprentissage de la ravanne et la place et le rôle de la musique traditionnelle dans l’éducation formelle et non-formelle (telles que pratiquées selon des structures en place dans des organisations et institutions diverses) et aussi dans l’éducation informelle (celle qui fait référence au savoir populaire à l’état brut, dont la transmission se fait selon des méthodes qui lui sont propres).
Quel est le rôle de la musique traditionnelle dans l’éducation formelle, non-formelle et informelle justement ?
La musique traditionnelle a encore plus de valeur car elle sort des traditions orales que l’on ne retrouve pas dans les livres. Les paroles des chansons traditionnelles ont le potentiel de raconter tellement de choses ; elles permettent de démocratiser la langue maternelle, de redonner leurs places aux valeurs traditionnelles, de s’ancrer dans des réalités pures.
Qu’est-ce que les autres festivaliers ont pu apprendre sur la musique traditionnelle mauricienne à travers votre participation ?
Son existence même en premier lieu. Puis, l’authenticité de cette expression qui allie des sonorités, des mouvements, des mélodies, des paroles... Nous avons même été invités à montrer à un groupe la berceuse “Larivier Tanie” au cours d’une de leurs prestations. En dernier lieu, le concert de l’UNESCO avec le groupe d’une soixantaine d’enfants finlandais a fait goûter la culture musicale mauricienne de manière éclatante tant à ces enfants qu’à cette grande audience.
Et dans l’autre sens, qu’avez-vous appris de marquant sur la musique traditionnelle telle que pratiquée dans les autres pays représentés ?
Le naturel de la musique folklorique des pays participants et la facilité avec laquelle ils vous approchent et celle avec laquelle ils pratiquent leur musique. Les appréciations mutuelles et la grande solidarité entre les pratiquants. Le professionnalisme des organisateurs est aussi à souligner.
Ateliers d'arts de la scène
Fin juin, Léa Jourdain, comédienne, formatrice, metteuse en scène et autrice française, a animé des ateliers sur le théâtre et l’art de la scène à l’attention de bénéficiaires et parents de bénéficiaires du groupe ABAIM, ainsi qu’à l’attention de quelques membres d’autres ONG intéressés à cet outil comme méthode de travail sur le développement personnel. Ces sessions ont permis la découverte d’outils d’improvisation et de mise en scène ainsi que le lien entre le théâtre et le développement personnel.
« Nous avons eu l’occasion de travailler avec elle sur des formes de théâtre qui ne sont pas dans les méthodes classiques et qui font appel à la pédagogie. En cela, les techniques exposées étaient très similaires aux méthodologies d’ABAIM. Il s’agissait d’amener sur scène les réalités du milieu populaire, de donner de la voix à des personnes en difficulté qui ont des choses à dire », explique Alain Muneean, Membre-Fondateur du Groupe ABAIM.
Entre autres interventions, il y a eu celle réunissant dans un même atelier les parents et les enfants d’ABAIM, qui, ensemble, ont recréé sur scène des situations de leurs vécus personnels. L’idée étant de faire réfléchir l’assistance sur les thématiques mises en lumière, par exemple l’utilisation des écrans à la maison, et de proposer d’éventuelles solutions. Ces dernières ont aussi été mises en scène en fin de séance.