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We-Recycle Stéphanie Jacquin : « Les personnes ont différents niveaux de sensibilité quant aux enjeux environnementaux » 06 févr. 2023

Depuis plus de six ans, We-Recycle a fait du recyclage son champ de bataille. En parallèle à son axe de collecte de déchets plastiques et canettes de boissons dans Rivière Noire et Savanne - et parce que l’un ne va pas sans l’autre -, l’ONG fait de la sensibilisation en entreprises et dans le public et mène des programmes d’éducation au recyclage dans les écoles. Stéphanie Jacquin, Senior Projects and Operations Officer de l’ONG, passe en revue les objectifs et les services de We-Recycle.

Pourriez-vous nous présenter We-Recycle, dans ses objectifs, sa mission et ses actions ?
We-Recycle est une ONG fondée en 2016 et spécialisée dans la collecte de canettes de boissons et plastiques recyclables. Avec deux camions de collecte, nous opérons principalement dans les districts de Rivière Noire depuis 2018 et Savanne depuis 2022. Nous avons aussi quelques points de collecte privés dans Plaines Wilhems.
Comment se structure cette collecte ?
Nous nous occupons d’un réseau de près de 70 poubelles de tri mis publiquement à disposition des habitants par les Districts Councils de Rivière Noire et Savanne. Nous collectons également des 9 poubelles sponsorisées par PhoenixEarth et qui sont aussi disponibles au public dans les régions d’Albion, Bambous, Cascavelle, Flic en Flac et Tamarin. Nous avons, à ce jour, collecté plus de 50 tonnes de plastique PET (Polyethylene Terephthalate), plus de 10 tonnes d’autres types de plastique recyclable, et plus de 3 tonnes de canettes de boissons.
Que deviennent les items que vous récoltez ?
> Le plastique recyclable que nous collectons est trié par notre équipe.
> Le PET (Polyethylene Terephthalate) est mis de côté dans de grands sacs et stocké dans nos dépôts, en attendant d'être récupéré par notre partenaire. Celui-ci va enlever les étiquettes et les bouchons et compacter les bouteilles PET, qui sont envoyées en Afrique du Sud afin d’être recyclées en nylon/polyester pour l’industrie textile.
> Le plastique flexible - sachets transparents, emballages, etc - est déposé chez une entreprise partenaire locale qui le transforme en nouveaux sachets et sacs d’emballage.
> Les plastiques rigides des catégories HDPE (High-Density Polyethylene) et PP (Polypropylene) sont déposés à une entreprise locale qui les utilisent pour fabriquer des meubles d'extérieur et autres objets en plastique recyclé.
> Les canettes, sont pour leur part, transportées vers une entreprise locale de métallurgie et sont intégrées dans le processus de fabrication de barres en aluminium.
La collecte dépend du dépôt dans les poubelles de tri, qui n’est efficace que si le public visé est sensibilisé en parallèle. Quelle est la part de votre travail que vous consacrez aux missions d’éducation et de sensibilisation ?
L'éducation fait partie intégrante de notre mission ; sans elle, en effet, nos actions de collecte seraient vaines. Nous faisons régulièrement des campagnes de sensibilisation dans certains centres commerciaux, mais aussi dans les villages du sud et du sud-ouest, afin d’expliquer au public quels sont les différents types de plastiques qu’ils peuvent trier pour le recyclage, les dangers de la pollution plastique sur notre environnement ainsi que l’importance du recyclage, surtout pour une île comme la nôtre.
Nous intervenons également dans les entreprises par le biais d’ateliers explicatifs de 40 à 45 minutes et pour prodiguer des conseils sur comment, en tant que consommateurs, nous pouvons réduire notre consommation d'objets en plastique.
Par ailleurs, notre ONG participe à des forums organisés par les pouvoirs publics pour partager notre expérience et faire avancer la cause du recyclage.

De manière générale, où en est-on à Maurice sur la cause du recyclage ?
Étant donné les volumes croissants de nos collectes, nous voyons qu’il y a un nombre croissant de personnes engagées dans le tri des déchets plastiques pour le recyclage. Cela dit, moins de 5% des déchets plastiques entrent dans la filière du recyclage à Maurice. Il reste encore de gros efforts à faire.

Avant d’aborder la question de la sensibilisation sur le recyclage, celle du « dumping » est un réel problème à Maurice. Beaucoup de personnes ne jettent rien dans leur cour mais n’ont pas de problème à jeter chez leurs « voisins »…
Effectivement. Les gens recherchent aujourd’hui la facilité. Tout doit être à portée de main et disponible rapidement. Les déchets qui sont “dumped” dans la nature sont de toutes sortes : cela va de simples petites bouteilles aux gros appareils ménagers tels les réfrigérateurs ou les machines à laver. Concernant les gros déchets, ils ne sont pas ramassés durant la tournée habituelle des éboueurs. Il faut donc faire l’effort de chercher un transporteur adéquat. Cet effort, peu de personnes le font. Et la facilité veut que ce soit plus simple de s’en débarrasser dans le “terrain d'à côté”.

Qu’est-ce qui pourrait être un déclic selon vous pour alerter sur cette question de « dumping » ?
Les personnes ont différents niveaux de sensibilité quant aux enjeux environnementaux. Par exemple, beaucoup de personnes remettent en question le recyclage à Maurice car elles ne savent pas où finissent les déchets triés. D’autres reconnaissent le besoin de faire le tri, mais ne savent pas où trouver les poubelles de tri. Enfin, certaines personnes (et elles sont de plus en plus nombreuses) jouent le jeu et ont non seulement pris l’initiative de faire le tri mais aussi d’aller déposer les déchets recyclables dans les poubelles dédiées.
En somme, la volonté de ne pas polluer et de contribuer au recyclage doit venir du citoyen lui-même. Nous pouvons faire autant de campagnes de sensibilisation que nous voulons en expliquant sans relâche les dangers de la pollution sur notre environnement et sur notre santé, cela ne servira à rien tant qu’il n’y a pas une prise de conscience personnelle de la part de l’individu. Cela dit, un facteur qui pourrait contribuer à résoudre le problème est l’action coercitive des pouvoirs publics vis-à-vis de ceux trouvés coupables de « dumping ».

Cette année, We Recycle planifie d’étendre ses actions de sensibilisation au niveau des écoles. Pourriez-vous expliquer comment cela se déroulera dans les faits ?

Il y a un intérêt croissant des établissements scolaires pour la sensibilisation des élèves sur le recyclage. Certains professeurs en font mention déjà dans leurs classes, donc il y a déjà une prise de conscience qui se fait. Nous souhaitons bâtir sur le travail des professeurs. A travers le storytelling et les jeux, nous faisons prendre conscience aux élèves des dangers de la pollution sur notre nature, et de ce qu’ils peuvent faire pour commencer le recyclage chez eux. Dans un premier temps, nous serons présents dès ce mois-ci dans les établissements primaires de Rivière Noire et Savanne, car ce sont nos principales régions de collecte. Nous comptons ensuite intervenir dans les collèges et dans toute école primaire ou secondaire à travers l'île qui nous fera la demande.

Sensibiliser dès le plus jeune âge est important - cela amène plus de potentialité de changement de comportement, par rapport à l’adulte.
Comment être sûr de maximiser l’impact de votre message auprès d’un jeune public ?
Tout d’abord, nos ateliers sont interactifs, en français et en créole. Nous faisons des jeux et des devinettes tout au long pour garder l'intérêt des jeunes. Notre storytelling ne parle pas que de plastique et de pollution, nous y intégrons aussi des éléments de la faune et la flore spécifiques à Maurice, que les élèves connaissent déjà. Nous présentons les matières recyclables en utilisant les objets du quotidien, avec lesquels les élèves sont déjà très familiers.

Avez-vous d’autres projets prévus sur cette année qui débute ?
Nous continuerons à sensibiliser sur les dangers de la pollution environnementale en organisant des campagnes de nettoyage. Nous collaborons à la campagne « World Without Waste – Mo Enn Consom-Akter Responsab » avec Coca-Cola, PhoenixEarth Initiative et d’autres ONG. Ainsi, dans les prochaines semaines, nous sillonnerons plusieurs régions pour ramasser les bouteilles PET directement des habitants. Nous collaborons également à la campagne mensuelle « Odysseo @The Beach » pour sensibiliser le grand public aux dangers des microplastiques sur la vie marine.

Comment faire pour vous contacter et/ou vous soutenir ?
Nous accueillons des volontaires tout au long de l’année pour nos campagnes de sensibilisation et de nettoyage. Nous pouvons être contactés à l’adresse email info@we-recyclemauritius.org, sur les réseaux sociaux à travers nos pages Facebook (We-Recycle, Mauritius), Instagram (werecyclemauritius) et LinkedIn (We-Recycle, Mauritius). Notre site web https://we-recyclemauritius.org/ présente nos diverses activités et comment participer à nos actions.

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