« Presque dans chaque ONG, il y a un poste d’occupational therapist, c’est devenu incontournable. Et pour information, les salaires tournent autour de Rs 15.000 à Rs 20.000. En plus, il est possible d’exercer quelques heures dans le privé ».
Boutonner une chemise, faire ses lacets, brosser ses dents… autant de gestes anodins du quotidien, dont l’acquisition peut pourtant nécessiter beaucoup d’efforts pour une personne porteuse de handicap.
En tant qu’ergothérpeute, Mohammad Farden Mowlabuccus prend son travail très à cœur au sein de L’Association pour les handicapés de Malherbes : « J’ai toujours voulu œuvrer pour le bien-être des personnes handicapées, et en faisant des recherches sur internet, j’ai découvert le métier d’occupational therapist. Notre mission vise à aider les patients à devenir plus fonctionnel dans leur vie de tous les jours. J’ai suivi 4 années d’études à l’Université de Maurice et effectué 1600 heures de stage dans des ONG, à l’hôpital et dans un couvent, pour couvrir différents profils (les accidentés de la route, les personnes âgées, les enfants handicapés, les personnes vivant avec un troubles psychiatriques…). Le métier d’ergothérapeute est encore peu connu, mais il se développe d’année en année et les débouchés professionnels suivent la même tendance… Presque dans chaque ONG, il y a un poste d’occupational therapist, c’est devenu incontournable. Et pour information, les salaires tournent autour de Rs 15.000 à Rs 20.000. En plus, il est possible d’exercer quelques heures dans le privé ».
Certains professionnels décident aussi de se spécialiser. « Au cours d’un stage dans des classes pré-primaires pour élèves autistes, j’ai réellement trouvé ma voie et j'ai rédigé un mémoire de stage sur ce sujet. Je voudrais me spécialiser encore davantage dans la prise en charge des enfants autistes et pourquoi pas épargner afin d’aller poursuivre mes études en Afrique du Sud en vue de décrocher un Master », ambitionne Mohammad Farden Mowlabuccus, « en Afrique du Sud, la discipline est vraiment renommée et j’ai eu la chance à l’Université de Maurice de bénéficier de l'expertise de formateurs sud-africains. Dommage que les cours de Master ne soient pas disponibles à Maurice ».
"Il ne faut pas être hypersensible"
En attendant de réaliser son rêve, le jeune professionnel met ses compétences au service des 40 élèves de l’école spécialisée de L’Association pour les handicapés de Malherbes. « Ce métier requiert beaucoup de patience, car les progrès des enfants sont lents, surtout avec les enfants porteurs de handicaps lourds comme les infirmités motrices cérébrales. Mais j’ai beaucoup de plaisir au travail, j’aime rire avec les enfants… Et pour qu’ils se détendent je mets de la musique sur mon téléphone portable. Parfois les enfants doivent faire de gros efforts et cela peut les faire souffrir. En comparaison, c’est un peu pareil quand on fait des exercices de rééducation chez un kinésithérapeute. Mais ces efforts sont nécessaires, pour améliorer la qualité de vie de l’enfant à long terme. Pour rendre les choses moins pénibles, j’introduis toujours une dimension ludique dans l’exercice. J’utilise une corde à sauter, un boulier, des puzzles… dépendant si nous travaillons la concentration, la motricité fine ou si je cherche à canaliser l'energie déployée par un enfant hyperactif ou agressif… C’est certain que dans le métier d'ergothérapeute, il ne faut pas être hypersensible, car les handicaps des enfants sont lourds. Si on commence à avoir mal au cœur à chaque fois qu’on rencontre un patient ou qu'on lui demande un effort supplémentaire, cela devient ingérable d’un point de vue personnel. »
Parmi les meilleurs souvenirs de Mohammad Farden Mowlabuccus, les progrès d’un enfant autiste, qui lui ont permis d’intégrer une école Maintream. « Aujourd’hui, cet élève est en 3e et obtient des A + ! La fierté des parents, le sourire d’un enfant… ce sont des récompenses qui n’ont pas de prix ! », partage Mohammad Farden Mowlabuccus.