Avec le temps très pluvieux du mois de février, les travaux d’étanchéité ne peuvent plus être repoussés. Les élèves et le personnel de l’Association pour les Handicapés de Malherbes lancent un appel pressant aux donateurs, pour ces travaux et d’autres encore.
L’ergothérapeute Mohammad Farden Mowlabuccus garde le sourire malgré les gouttes qui tombent depuis le plafond. Les fuites d’eau affectent surtout deux salles de thérapie, mais c’est l’étanchéité de tout le bâtiment qui est à refaire entièrement. « Nous avons demandé plusieurs cotations », précise Marie-Jeanne Vellen, school manager, « la plus avantageuse s’élève à Rs 37.000. C’est une grosse somme que nous devons trouver, mais cette dépense est indispensable ».
Accréditée auprès du CSR, l’association gère à la fois une école spécialisée et un shelter pour les enfants aux besoins spéciaux. Des enfants abandonnés par leurs parents biologiques ou dont la garde a été retirée par la Child Development Unit.
« Nous nous donnons beaucoup de peine pour faire tourner ces deux structures et réunir Rs 4 millions par an. Sur ce budget total, 35% seulement dépend des allocations du Gouvernement », explique Marie-Rose Gaspard, directrice de l’ONG.
Agrandir la varangue de l'atelier
L’école spécialisée compte 30 élèves, dont la plupart lourdement handicapés par une paraplégie ou une hémiplégie. Et 10 bénéficiaires adultes sont pris en charge dans un atelier vocationnel.
Depuis 2015, l’atelier s’est concentré sur la formation à la menuiserie, à l’artisanat (bougies, coco…) et au jardinage. « L’année passée, jusqu’au 24 décembre, nous avons mobilisé tous nos volontaires et réussi à écouler 600 bougies. C’était plus valorisant et plus facile d’aborder le public que lors de la quête ! », remarque Marie-Jeanne Vellen, fière des actions d’autofinancement entreprises par les membres de l’association, « Les coachs de notre atelier sont très motivés pour bénéficier de formations complémentaires et améliorer encore les techniques, notamment grâce à la SMEDA. Et notre ambition est d’agrandir encore l’atelier en le prolongeant avec une varangue ».
"Sensory room"
D’autres travaux sont aussi prévus cette année, si les financements sont réunis : « nous rêvons d’une vraie salle de déjeuners bien aménagée pour nos élèves et d’une sensory room (salle adaptée pour les thérapies sensorielles) », complète Marie-Rose Gaspard, directrice de l’ONG.
Un appel est aussi lancé pour les parrainages d’enfants. Sur les 17 enfants résidant dans le shelter, seuls deux ont été pris sous leur aile par des particuliers. Ces généreux donateurs apportent un cadeau d’anniversaire, une attention spéciale pour Noël, donnent un uniforme ou encore des fournitures scolaires. Des petits gestes très appréciés par les enfants. Et des dons dont le montant reste à la discrétion du donateur… selon ses moyens.
Des résidents au profil "challenging"
Délaissés voire carrément rejetés par les autres ONG et institutions, 7 enfants « vivaient » à l’hôpital psychiatrique Brown Séquard, faute d’une structure pour les prendre en charge. C’est cette injustice qui a motivé les membres de l’Association pour les Handicapés de Malherbes à ouvrir un shelter, en plus de l’école spécialisée. « Les débuts ont été difficiles, mais nous nous sommes rapidement rendus compte que l’agressivité et les problèmes de comportement résultaient surtout d’un manque d’attention de la part de leurs carers précédents. Sur ces 7 enfants, 5 ont changé de caractère du tout au tout et seulement 2 ont dû être internés de nouveau. Un enfant a même pu repartir chez ses parents. Les autres sont redevenus sociables, sont retournés à l’école… », raconte Marie-Rose Gaspard.
Réintégrer un enfant dans sa famille biologique est un des objectifs de l’association, qui prend aussi en charge en résidentiel des enfants handicapés. « Cela prend du temps de travailler avec la famille biologique, mais parfois elle peut finir par accepter un handicap, ce qu’elle n’arrivait pas du tout à faire juste après l’accouchement », témoigne Marie-Rose Gaspard, « et puis nous avons aussi le cas d’enfants qui ont subi des sévices sexuelles et le cas de parents qui sont eux-mêmes des patients psychiatriques. L’accompagnement des familles prend donc plusieurs années ».
L’Association compte aujourd’hui deux dortoirs séparés, un pour les enfants aux lourds problèmes de comportement ou aux pathologies psychiatriques et un dortoir pour les enfants porteurs de handicaps. « Notre priorité c’est la sécurité des enfants. Une raison pour laquelle, nous n’accueillons quasiment que des garçons, à l’exception d’une fillette atteinte de trisomie 21, « notre bébé » », ajoute Marie-Rose Gaspard.
La directrice a de grandes aspirations pour son ONG dans les années à venir : « nous visons la construction de notre propre résidence… » Pourquoi pas au sein d’un smart village dédié au social ? Il est permis de rêver !
