« La voix de la société civile a été silencieuse et c’est à nous les jeunes de faire quelque chose pour que les choses changent et bougent. »
- Parlez-nous de votre choix de vous lancer dans le social ?
Nudhar Bundhoo : - Lors de ma scolarité secondaire au Collège Lorette de Port Louis, nous étions encouragées dès les premières années à participer à de nombreuses activités sociales. Par exemple, du soutien scolaire à des étudiants en difficulté dans un ou plusieurs sujets spécifiques, à travers le programme connu comme « l’école complémentaire ».
A la maison, nous étions aussi encouragés à penser que nous étions nous-mêmes les clés du changement sociétal que nous souhaitions voir. Mais je n’ai pas rejoint PILS uniquement pour « faire du social », tel qu’on l’entend souvent. Je voulais poursuivre le travail que je faisais déjà en Afrique du Sud en tant que « Masters Intern » au Human Sciences Research Council. Sur place, je travaillais sur un projet de recherches sur le VIH/sida, les infections sexuellement transmissibles et la tuberculose dans une région rurale du KwaZulu Natal.
La recherche dans le domaine du VIH/Sida et des questions y-relatives sont très importantes dans la prise de décision politique et le plaidoyer. En rentrant à Maurice, contribuer aux actions de PILS en tant que Chargée de Plaidoyer était pour moi une suite logique.
Je veux aussi souligner que l’implication de « travailler dans le social » va au-delà de devenir travailleur social ; chez PILS, nous avons des professionnels qualifiés dans divers domaines, dont une équipe de chargés de mission (Capacity Building Officers), une équipe pour le suivi et de l’évaluation des projets (Monitoring and Evaluation Officer) et une responsable des finances accréditée FCCA par exemple.
- Quelles sont les études que vous avez entreprises ?
Après mes études secondaires, j’ai entrepris une licence en « Human Resource Management and Psychology » à l’Université du KwaZulu Natal, suivie d’un « Postgraduate Honours » en Psychologie et je me suis inscrite pour une Maîtrise en Research Psychology.
- En quelques mots, comment se déroule la journée d’un(e) chargé(e) de plaidoyer ? En quoi consiste votre mission ?
Le plaidoyer consiste à planifier des activités aboutissant à un changement dans les prises de décision au niveau des politiques. Mon job consiste à répertorier les bonnes pratiques existant à l’international sur le plan du traitement, des soins et du soutien des personnes vivant avec le VIH et de m’assurer que nos pratiques locales sont en lien avec ces pratiques internationales qui protègent les droits des personnes infectées et affectées (les parents, proches etc) par le VIH.
Dans mon travail qui implique la vie de personnes déjà vulnérables sur le plan de l’accès aux soins de qualité, il est impératif d’assurer une bonne collaboration avec les autres ONG et alliés œuvrant dans le même domaine et d’avoir leur soutien dans nos actions. Par exemple, l’une de mes grosses activités de plaidoyer consiste à encourager les décideurs politiques à revoir les lois entourant les personnes qui utilisent les drogues. Nous avons aujourd’hui de plus en plus de faits qui soutiennent qu’une personne qui utilise des drogues a besoin de soutien et non d’être envoyée en prison.
- Quelle serait votre message aux jeunes qui voudraient se lancer dans le social ?
Comme de nombreux jeunes, je pensais aussi que travailler dans le social signifiait « donn enn ti coud’ me ». Mes parents ont travaillé toute leur vie dans la fonction publique et ils percevaient les ONG comme des groupes socio-culturels étant uniquement composés de volontaires. Ils me voient aujourd’hui grandir en tant que professionnelle au sein d’une organisation reconnue, mais ils voient aussi que mon travail me permet de m’épanouir totalement (dans le sens où je fais quelque chose qui me passionne) et de devenir également autonome. Je souhaite que les jeunes voient dans le social une opportunité de faire carrière, et qu’ils aient autre chose en vue que des ambitions financières pour démarrer leur incursion dans le monde du travail.
La voix de la société civile a été silencieuse et c’est à nous les jeunes de faire quelque chose pour que les choses changent et bougent dans le bon sens. Les ONG ont de grosses tâches à accomplir et elles ont d’autant plus de mérite qu’elles accomplissent ces choses avec souvent peu de moyens. Je trouve cela personnellement extrêmement gratifiant parce qu’au final, j’apporte ma petite contribution à la construction d’une société meilleure et un pays plus juste, dans lequel les droits de tous les citoyens sont respectés.