Depuis 3 ans, CUT prend le contre-pied de la Journée internationale contre l’abus et le trafic illicite de drogue marquée le 26 juin, en organisant une action symbolique et en relayant la campagne « Support. Don't punish ».
Derrière ce slogan, plus qu'une conviction mais des preuves que le soutien apporté aux usagers de drogue est plus efficace en matière de santé publique que les lois répressives. C'est ce qu'explique Kunal Naïk, advocacy officer au Collectif Urgence Toxida (CUT).
- Comment les ONG ou les groupes communautaires peuvent soutenir la campagne « Support. Don't punish » ?
Dans un premier temps elles peuvent s’informer sur le site de The International Drug Policy Consortium (IDPC) et recevoir des informations, puis devenir membre d’IDPC, si possible.
Elles peuvent également contacter le Collectif Urgence Toxida (CUT) pour recevoir du matériel sur la campagne « Support. Don’t punish » et des explications. Si elles décident d'organiser une sensibilisation au sein d'un groupe, des membres de CUT peuvent venir les épauler. Et pas besoin forcément d'être une association, nous pouvons nous déplacer pour informer un club, un groupe d'amis... Ensemble, nous pourrons réussir à sensibiliser le maximum de Mauriciens, même des gens qui ne se sont pas forcément sentis concernés par « Support. Don’t punish » jusqu’à aujourd’hui.
- Les individus aussi peuvent soutenir la campagne ?
Oui, il suffit de se photographier seul ou en groupe avec la pancarte « Support, don't punish » (disponible online) et de nous envoyer la photo via la page facebook de CUT. La page facebook internationale de de la campagne reprend aussi les photos en provenance des différents pays participants.
- Un gros événement aura lieu également le 26 juin, le maximum de personnes sera encouragé à participer...
Oui, nous attendons les autorisations pour confirmer le lieu. En 2013, nous avions organisé une flash mob au Caudan Waterfront et Maurice était un des 43 pays participants à la campagne. En 2014, CUT et les ONG partenaires (AILES, Idrice Goomany, Espoir Revivre Barkly, Bring a smile...) avaient permis de réunir 150 personnes pour une photo symbolique devant la prison de Petit Verger, pour souligner que la place des personnes qui utilisent des drogues n'est pas en prison.
- Pour vous, punir n'est pas la solution...
Oui, déjà l'argent qui est investi dans la répression n'est pas investi ailleurs, par exemple dans le système de santé. Il faut savoir qu'un détenu coûte Rs 910 par jour à l'Etat. A Maurice, nous souhaitons encourager la création de service de santé et souligner que la répression comme les discriminations éloignent les usagers de drogue des services médicaux dont ils ont besoin. De plus, la punition n'est pas efficace non plus, car après la condamnation se pose le problème du certificat de caractère. Exigé par de nombreux employeurs, ce certificat limite drastiquement les possibilités de réinsertion sociale des usagers de drogue. La criminalisation ne marche pas, alors pourquoi ne pas étudier d’autres modèles qui ont fait leurs preuves ?
- Comme le Portugal…
Oui, au Portugal, depuis plus de 14 ans, le pays a décriminalisé la possession et l’utilisation des drogues. Cela signifie qu’au Portugal alors qu'elle n’est plus une infraction pénale, la possession de drogue pour usage personnel, reste encore une infraction administrative, qui est passible de sanctions telles que des amendes, ou des heures de service communautaire. Dans la pratique, les usagers de drogue passent devant un comité composé notamment de psychologue, de médecins, de travailleurs sociaux... et des alternatives leur sont proposées : travaux communautaires, amendes, puis un programme dans un centre de réhabilitation. C’est important de noter que la dernière option reste un choix, est n’est pas imposé. L'argent économisé en limitant la détention a été investi pour améliorer le système de santé public et le taux de VIH a diminué. Il est l'heure à Maurice de revoir toutes les lois sur la drogue et de s'appuyer sur les évidences scientifiques collectées à Maurice, comme au niveau international. La « guerre contre la drogue » a fait beaucoup de dégâts ces 50 dernières années. Et beaucoup de pays ont changé et sont en train de changer leur manière de voir les choses : comme l'Uruguay ou encore l'Equateur qui va décriminaliser les drogues. A noter que 4 Etats américains ont légalisé la Marijuana... Les Etats-Unis, eux-mêmes qui étaient à l'origine de la guerre contre la drogue dans les années 70 avec Richard Nixon, reconsidérent les vertus médicinales de la marijuana et des Etats américains vont vers l'autorisation de la vente du cannabis.
CUT tel : 2108124
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