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Etoile d'Espérance - Association Alcool Femmes SYNDROME D’ALCOOLISATION FOETALE : Reste une étoile à tisser 11 sept. 2015
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Grâce à l’ONG Etoile d’Espérance, les dangers de la consommation d’alcool pendant la grossesse sont aujourd’hui mieux connus. Et la campagne d’affichage visible sur 77 panneaux à travers l’île n’est sans doute pas passée inaperçue. Prochaine étape à envisager : la mobilisation d’un réseau gravitant autour des femmes en âge de concevoir, des femmes enceintes et des enfants en bas âge pour éviter le SAF ou le diagnostiquer tôt pour en atténuer ses effets. Un tel réseau est déjà mis en place à La Réunion.

Psychiatres, sages-femmes, travailleurs sociaux, éducateurs, journalistes… Une centaine de personnes avaient répondu à l’invitation d’Etoile d’Espérance pour la conférence donnée par le Dr Thierry Maillard, à la Maison d’Eureka, le 8 septembre dernier. Alcoologue, président de REUNISAF et SAF Océan Indien, le Dr Thierry Maillard a mis l’accent sur l’ampleur du syndrome d’alcoolisation fœtale et l’importance du dépistage précoce.

Le SAF en chiffres

  • 150 bébés par an seraient concernés à Maurice, or aucune étude n’a jamais été organisée.
  • 60% des enfants exposés à l’alcool in utéro auront des démêlés avec la justice au cours de leur vie.
  • 94% auront des problèmes au niveau de leur santé mentale.
  • 50% seront internés ou incarcérés.
  • 80% des adultes se retrouveront sans emploi
  • 49% présenteront des troubles du comportement sexuel (Etude d’Anne Streissguth).

Ces seuls chiffres mettent en exergue le cout humain et le fardeau économique pour une société représenté par le SAF, qui seraient pourtant évitables ! Comment ? « Notre slogan, c’est zéro alcool pendant la grossesse et l’allaitement », cela peut paraître prétentieux, ringard ou sévère, mais c’est un vœu sincère et un appel du cœur de la part de toute l’équipe d’Etoile d’Espérance », a lancé Priscilla Karen Martial, co-directrice de l’ONG.

Arroser au champagne un test de grossesse positif ne serait donc pas du tout un bon réflexe... « Le fœtus n’a pas de mécanisme d’élimination de l’alcool. Tout ce que maman boit, il le boit par simple diffusion, le placenta ne constituant en aucun cas une barrière protectrice ! », a tenu à souligner le Dr Thierry Maillard, « L’alcool ingurgité est ensuite rejeté dans le liquide amniotique et le bébé le reboit encore. La durée de l’imprégnation éthylique est donc plus long encore pour le bébé que pour la mère. On parle donc de double toxicité. L’alcool chez l’embryon ou le fœtus peut donc entraîner des spasmes des vaisseaux sanguins, de la souffrance fœtale, des malformations, des destructions cellulaires, voire un décès et une fausse couche. Et une seule intoxication, une seule prise d’alcool, peut engendrer des malformations variées, en particulier au niveau cérébral. Le cerveau étant l’organe le plus fragile ».

D’où l’enjeu de mettre en garde les femmes contre la prise d’alcool, et d’orienter les femmes enceintes qui souffrent de problème d’addiction vers des structures telle qu’Etoile d’Espérance (tel : 427 0542). Il n’est jamais trop tard pour agir et pour aider une femme à arrêter de boire. Les médicaments prescrits lors des cures de désintoxication sur une courte période présentent un danger moindre comparé au risque pour le fœtus de présenter un syndrome d’alcoolisation fœtale. Les 9 mois de grossesse allant conditionner l’ensemble de la vie de cet enfant.

Comme le disait l'experte Anne Streissguth, « le silence n’est pas une action de prévention ». Or, à Maurice, aucune étude sur le sujet n’a été menée et le dépistage n’est pas systématique. En réponse à une question parlementaire, le Ministre de la Santé mauricien a déclaré qu’il n’y avait eu que 2 cas de SAF entre 2005 et 2009, alors qu’en se basant sur la prévalence enregistrée dans les pays occidentaux, ce sont environ 150 bébés mauriciens chaque année qui sont concernés et souffriront du SAF tout au long de leur vie.

Dépistage précoce

« Il est primordial d’entreprendre un suivi même en l’absence de diagnostic ferme quand il est difficile à poser », déclare le Dr Thierry Maillard, « A la Réunion, le screening vise tous les enfants à risques et tous les prématurés. Certaines atteintes seront irréversibles, mais grâce à la plasticité du cerveau, plus on agit tôt, plus l’enfant pourra acquérir des aptitudes, et ainsi nous agirons sur sa qualité de vie et le développement de ses compétences sociales. Par exemple, on peut débuter l’orthophonie dès les 12 mois de l’enfant… »

Les signes d’un SAF

Des troubles neurologiques
Des troubles de la communication, expression et compréhension
Des troubles de l’adaptation
Un retard de croissance au niveau du poids et/ou de la taille
Retard dans les acquisitions : marche, coordination des mouvements…
Trouble de l’attention et hyperactivité
Microcéphalie : petit périmètre crânien à la naissance et après
Un QI inférieur à 70
Un faciès particulier (lèvres fines, pas de pilier sous le nez…)

Parmi les préconisations du Dr Maillard : tisser une étoile

A la Réunion, une structure de prise en charge sous forme d’un hôpital de jour attaché à la maternité a été fondée. « Avant quand nous orientions les femmes vers un spécialiste de l’alcool, elle ne s’y rendait pas. Dorénavant dans un lieu, elles sont reçues dans un court laps de temps par un gynécologue, un travailleur social, un psychologue, qui travaillent en équipe. Cette structure coordonne les soins et le projet de vie de la femme et de son enfant, voire de la fratrie. Il est ainsi essentiel de s’intéresser aux frères et sœurs pour dépister d’autres SAF. C’est cette étoile qu’il reste à tisser à Maurice. Ce service devrait aussi prévoir des acteurs mobiles pour assurer l’accompagnement gestationnel, le suivi des rendez-vous, une contraception efficace après l'accouchement, et la veille pour les femmes à risques de rechute… », a conclu le Dr Maillard.

Au niveau de la sensibilisation, le Dr Maillard a bien souligné qu’aucune famille ne doit être laissée de côté : « Il faut faire connaitre le SAF aux familles d’accueil et aux parents adoptifs. Aux Etats-Unis, par exemple, ce sont ces familles qui sont allées de l’avant pour faire reconnaître le handicap de leur enfant et porter plainte contre l’Etat. »

Les ressources accessibles en ligne :

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