La dernière campagne de plaidoyer de PILS “Eski prizon aret ladrog ?” touche bientôt à sa fin. Lancée en plusieurs phases, d’abord le 14 mai sur les autobus et les réseaux sociaux, puis à partir du 28 mai dans la presse écrite et parlée, la campagne pose les bases d’un questionnement que l'ONG juge necessaire sur les politiques actuelles autour des drogues. Les arguments reposent sur une documentation tirée d’exemples internationaux, ainsi que sur une étude et un desk-review sur la situation des drogues à Maurice, commandités par PILS l’an dernier et préparés par deux institutions indépendantes : TNS Analysis et StraConsult.
Plusieurs réponses sont possibles quant à la question posée et l’objectif de la campagne est d’initier le débat pour commencer à faire réfléchir grand public et décideurs sur une question qui fera très prochainement l’objet d’une session spéciale aux Nations Unies. La dernière fois que le thème de l’UNGASS (United Nations General Assembly Special Session) avait trait aux drogues était il y a 18 ans, soit en 1998, souligne PILS dans un communiqué émis en début de campagne.
La prochaine session prévue du 19 au 21 avril 2016 à New York abordera probablement la question des drogues de manière différente, avec un regard neuf quant aux approches préconisées en 1998 et qui n’ont pas porté leurs fruits, selon l’association. “Presque vingt ans plus tard, cet objectif est loin d’être atteint et la société internationale commence à s’interroger sur cette guerre contre les drogues qui est surtout une guerre contre les usagers de drogues”, souligne PILS.
“Davantage d’utilisateurs de drogues qui sont déjà économiquement vulnérables connaissent la prison (8 injecteurs sur 10), réduisant encore plus leurs chances de réintégration sociale car ils sont par la suite, pour beaucoup d’entre eux, dans l’incapacité de trouver un emploi stable du fait de leur casier judiciaire (certificat de caractère)”, peut-on également lire dans le communiqué émis.
Une campagne Facebook
L’ONG espère qu’à travers la campagne “Eski prizon aret ladrog?”, une approche médicale et centrée sur les droits humains sera davantage considérée en traitant du sort des personnes qui utilisent des drogues. Les recommandations faites par PILS dans le sillage de la commission d’enquête sur les drogues abondent d’ailleurs en ce sens.
Sur la page Facebook dédiée à la campagne – PILS Share Your Voice –, une photo-symbole affichant deux mains croisées en ruban a été postée. Les membres du public sont conviés à montrer leur soutien à la campagne en affichant des photos similaires sur leurs profils respectifs. Une vidéo-témoignage retracant le parcours d’un ancien utilisateur de drogues injectables a aussi été postée en plusieurs parties sur la même page.
Selon Nudhar Bundhoo, Chargée de Plaidoyer de PILS, “la prochaine étape sera de ramener le débat hors des réseaux sociaux et d’occasionner des espaces de discussion avec les membres du public et les populations directement concernées, afin de donner une dimension plus communautaire à notre action”, le but étant aussi de créer un pont entre la campagne et la prochaine édition de “Support Don’t Punish” prévue en juin.
La campagne « Eski prizon aret ladrog » a été financièrement soutenue par la Coalition Internationale Plus, partenaire de PILS depuis 2013. Le but était d’amener l’ONG mauricienne de lutte contre le sida à mettre sur pied une activité de plaidoyer qui aurait un impact positif à court ou long terme sur la vie de ses bénéficiaires et les problématiques généralement vécues par eux.
Quelques chiffres clefs : injecteurs de drogues et VIH
En 2015 à Maurice, 34.7% des nouveaux cas de transmission VIH étaient parmi la population des personnes qui s’injectent des drogues. De manière globale depuis le début de l’épidémie de VIH à Maurice, 70% des personnes qui ont été diagnostiquées positives au VIH sont des personnes qui s’injectent ou se sont injectées des drogues.
En 2006, l’introduction des programmes de réduction des risques (programmes d’échange de seringues et substitution à la méthadone) ont amené, selon PILS, une diminution de l’incidence au VIH parmi les personnes qui s’injectent des drogues (passant de 92% pour l’année 2005 à 31% en 2014 – avec une hausse en 2015 qui pourrait être attribuée aux restrictions imposées sur ces programmes de réduction des risques, indique l’ONG PILS).