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Vers le milieu des années 90, la méthode de pédagogie inclusive était présentée à Maurice par Irlande Alfred, pédagogue mauricienne établie en Australie. C’est cette méthode que suivaient jusqu’ici les écoles ANFEN dans leur programme d’éducation informelle… ?
A l’époque, un groupe de quelques femmes ayant appris cette méthode avec Irlande Alfred mais ne souhaitant pas l’appliquer dans le système éducatif classique, se sont tournées vers ANFEN. Ce sont elles qui sont devenues par la suite les pédagogues d’ANFEN. Petit à petit, elles ont développé le curriculum d’ANFEN après des visites effectuées dans les écoles du réseau pour rencontrer les éducateurs et les inviter à mettre en pratique cette méthode.

En juillet 2016, vous avez fait revenir Irlande Alfred et cette fois elle a travaillé spécifiquement avec ANFEN. Sur quoi ?
Nous avons renforcé notre curriculum en le formalisant et le structurant avec le soutien d’Irlande Alfred. Nous avons aussi travaillé avec la MQA pour que l’Etat reconnaisse notre programme. Le curriculum qu’utilisaient les pédagogues d’ANFEN depuis l’an 2000 n’était pas écrit et formalisé. Cette fois c’est fait !

Et vous commencerez donc à l’implémenter au sein de votre équipe début 2017 ?
Nous prévoyons des formations internes au début de 2017 car nous avons compris que le jeune gagnerait davantage si l’éducateur était lui-même accrédité. De plus, ce sera plus pratique que les éducateurs puissent eux-mêmes mettre en place les stratégies sans attendre que les pédagogues d’ANFEN traversent l’île jusqu’à eux. La formation durera un an et ils seront officiellement certifiés. Ce projet est en ligne de mire depuis 2015. L’année suivante (2016) a été l’année de préparation et de rédaction avec la venue d’Irlande Alfred notamment. Là, nous en sommes à une phase de dialogue avec l’Etat.

Vous attendez quoi de l’Etat ?
Qu’ils voient le curriculum, donnent leur appréciation et proposent d’y apporter une certaine contribution. Si l’Etat reconnait que nous pouvons travailler ensemble, eux dans le système formel et nous dans le système informel, qu’il voit que nous sommes en mesure d’aider ces jeunes qu’eux n’arrivent pas à atteindre, nous serons des partenaires de l’éducation nationale et cela nous permettra de mieux aider les jeunes qui se sentent marginalisés du système. L’éducation est obligatoire jusque l’âge de 16 ans, c’est un droit humain et il nous faut nous battre pour que ces jeunes-là aient des chances égales.

Dans le contexte du nine-year schooling, vous avez des projets prévus avec la collaboration de l’Etat ?
Nous sommes en phase de dialogue avec l’Etat et nous espérons que cela aboutisse dans le bon sens. Nous leur demandons de nous inclure dans leur stratégie, car nous travaillons avec des citoyens mauriciens qui vivent certaines difficultés, notamment en termes d’échec scolaire. Je dois reconnaître que l’Etat est pour l’heure plutôt réceptif. Nous espérons qu’ils finiront par reconnaître notre cursus, car les jeunes qui se joignent à nous s’attendent à être accrédités en sortant des écoles. Or cette certification étatique n’est pas disponible pour l’instant et c’est une lutte qui me tient vraiment à cœur.