Le 1e décembre marquait la Journée Mondiale de Lutte contre le Sida. A cette occasion, zoom sur l’un des acteurs clefs de cette lutte à Maurice, l’ONG PILS, qui par ailleurs, marquait cette année son 20e anniversaire ! Questions à Nicolas Ritter, le directeur exécutif.
- En 1996, PILS débutait ses activités dans un garage à Curepipe avec un groupe d’amis et de proches touchés par votre désir de faire évoluer la situation du VIH à Maurice. Comment décririez-vous PILS telle qu’elle est aujourd’hui fin 2016 ?
Grosse évolution depuis 20 ans, notamment sur le plan structurel, financier, RH... Néanmoins, la vision initiale reste la même : briser le silence autour du VIH et militer pour un accès à des soins de qualité.
- Début 2015, PILS procédait à la mise en opération de son dernier Plan Stratégique. Quelles en sont les principales stratégies et comment s’est passée leur implémentation ?
Les principales stratégies sont axées sur le renforcement de PILS aux niveaux national et régional ;
réduire les vulnérabilités autour du VIH, IST et hépatites virales en facilitant l’accès à des services de santé ; renforcer l’approche communautaire en impliquant les personnes concernées à toutes les étapes ; garder les droits humains au centre des valeurs en renforçant le plaidoyer pour générer un écosystème favorable à une réponse de qualité. Ce plan très ambitieux, en cours de révision, a connu quelques difficultés dans son implémentation d’autant que nous n’avions pas anticipé un contexte politique aussi complexe.
- L’efficacité de la lutte contre le sida, comme pour toutes les causes défendues au niveau national d’ailleurs, engage une collaboration multipartite, qui comprend l’Etat, la Société Civile et les personnes vivant avec le VIH (PVVIH) elles-mêmes. Que fait PILS pour créer plus d’implication des populations directement concernées ?
Effectivement, l’implication des personnes les plus concernées (approche communautaire) est la clé d’une réponse de qualité. Nous reconnaissons un déficit de communication dans ce sens qu’il faut désormais réajuster.
Nous mettons actuellement l’accent sur le dépistage communautaire, la prévention par les pairs et une restructuration de nos services, en gardant l’approche communautaire comme règle d’or.
Les partenaires associatifs qui travaillent comme nous avec les PVVIH font partie intégrante de notre projet et participent à la réflexion sur les nouveaux projets.
- Justement, quels sont les principaux projets en cours au niveau du Service Communautaire chez PILS ?
Actuellement, nous continuons nos actions de prévention et de dépistage sur place, et sur le terrain avec notre Caravane médicalisée. Le counseling, les groupe d’auto-soutien (e.g groupes de parole), l’éducation thérapeutique, le soin primaire, le « Foot Clinic », le référencement et le suivi social font toujours partie de notre travail. Avec le Ministère de la Santé et de la Qualité de la vie, nous travaillons sur une stratégie pour ramener les PVVVIH « perdues de vue » vers les services de santé.
- PILS est Récipiendaire Principal (RP) du Fonds Mondial de Lutte contre le Sida, la Tuberculose et le Paludisme pour la société civile. En tant que tel, elle réceptionne une enveloppe destinée à la société civile et redistribue une partie des fonds vers d’autres ONG sous-récipiendaires pour que chacune remplisse des objectifs fixés pour lutter contre le sida. Quels sont ses autres rôles en tant que RP ?
PILS travaille avec les Sous-Récipiendaires (SR) du Fonds mondial, à améliorer les stratégies et les programmes ainsi que les activités pour avoir un véritable impact sur l’épidémie.
- Une des principales forces reste les partenariats établis sur le plan national et international. Depuis 2013, l’ONG est membre de la Coalition Internationale Plus. Qu’est-ce que cela implique pour vous ?
Avoir rejoint la Coalition nous permet d’avoir un réseau d’associations partenaires francophones partageant les mêmes valeurs et une vision similaire. Dans la bienveillance, nous échangeons les meilleures pratiques et expertises pour un impact plus efficace dans nos pays respectifs. La mutualisation des ressources et la complémentarité permettent aux petites associations du réseau d’avoir une force de frappe en termes de plaidoyer et de déposer des projets communs auprès de bailleurs importants à l’échelle nationale et internationale.
- Avec Coalition Plus et en lien avec votre plan stratégique, PILS intervient désormais dans l’Océan Indien surtout en termes de transferts de compétences vers d’autres acteurs de la lutte dans la région. Pouvez-vous nous en dire plus ?
Les programmes internationaux de PILS ciblent comme bénéficiaires directs les acteurs des associations développant sur le terrain des projets de prise en charge globale de PVVIH en lien avec les programmes de santé nationaux. Les usagers et publics-cibles des associations partenaires sont les bénéficiaires indirects du Programme. Le projet « Transfert » a pour but de développer les capacités des personnes concernées par le VIH afin qu’elles prennent leur avenir en main. Favoriser leur mobilisation au travers du plaidoyer des associations qui les représentent est une des idées fortes que PILS transpose à l’international.
- Que/ls nouveau/x projet/s prévu/s l’an prochain ?
Nous souhaitons avoir un dispositif de santé communautaire avec un focus particulier sur la santé sexuelle, domaine tabou par excellence dans notre petite île mais tellement important si on veut éviter la propagation du VIH et des autres IST.
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