Des anniversaire-clés dans le monde associatif sont observés cette année : entre autres, le MPRB (Mouvement pour le Progrès de Roche-Bois) fête ses 30 ans, TIPA ses 15 ans et La Courte Echelle du Nord ses 20 ans. Ce qui vient rappeler le travail de longue haleine du mouvement associatif dans différents secteurs, et la force du tissu social qui se réinvente, s’adapte, évolue et s’investit toujours, surtout, malgré les défis.
Questions à : Lindsay Morvan, Président du MPRB (Mouvement pour le Progrès de Roche-Bois)
Contact MPRB | 240-4148
Le bilan
Nous avons créé le MPRB en 1993 dans un contexte de ras-le-bol des habitants vis-à-vis des autorités. Roche Bois abritait un dépotoir qui chaque soir arrosait le quartier avec des nuées de fumées de déchets en feu ; la municipalité de Port Louis avait décider de remplacer un espace vert, un jardin d’enfants, une école maternelle et un terrain de basket par un garage municipal ; la drogue et la prostitution régnaient ! Le mouvement de protestation a pris la forme d’un mouvement de propositions et d’actions, avec un focus sur l’éducation et la formation comme moyens d’intégration sociale et combat contre la pauvreté. Ces actions visaient et visent toujours les enfants, adolescents et parents. Nous avons aidé à faire émerger des « roles models », comme Rony Busviah, lauréat 2017, Adriano Dinally et Stevenson Edouard, champions internationaux de kick boxing et Big Frankii parmi tant d’autres.
Les défis actuels
Nous vivons une ère où les volontaires se font de plus en plus rare. Les parents ont transféré la responsabilité de leurs enfants soit aux profs de l’école soit aux tablettes ou téléphones portables. Le dialogue disparait de plus en plus. La drogue continue à affecter les jeunes comme c’est le cas dans bon nombre de quartiers. La violence verbale et physique devient la norme et la discipline a presque disparu. Évoluer dans un tel environnement en portant des messages d’espoir et d’espérance est un réel parcours de combattant ; parfois même un dialogue de sourds. Mais nous restons optimistes.
Les impacts concrets
Même si un gros focus a toujours été l’éducation, nous ne pouvons pas nous substituer au système de l’éducation nationale, malgré ses failles. Sans fausse modestie, nous avons pu conscientiser les parents pour s’intéresser davantage à l’éducation de leurs enfants. Aujourd’hui, le nombre d’enfants terminant le cycle secondaire s’est bien amélioré. Nous avons travaillé avec les écoles maternelles de Roche Bois et des régions avoisinantes pour une meilleure transition au primaire. Nous avons initié le projet Club de Lecture & Ecriture pour stimuler le goût de la lecture et de l’écriture des enfants pour faciliter leur concentration en classe à l’école. Nous avons aussi développé une école de parents pour assurer le suivi de nos enfants bénéficiaires. Notre programme « Zeness La Limier » accueille une vingtaine d’adolescents entre 12 et 16 ans qui bénéficient d’un accompagnement sur la lecture et l’écriture, la sculpture, le théâtre, la cuisine et le développement de l’estime de soi. Ce dernier projet est une suite de l’ancien projet national d’accompagnement des enfants de rues.
Des regrets ?
La situation à l’école Emmanuel Anquetil de Roche Bois, où nous sommes beaucoup intervenus avec des impacts très positifs. Depuis ces dernières années, avec les changements réguliers de directeurs, l’interaction avec l’école est presqu’au point mort. Nous nous sommes cependant arrangés avec des parents pour organiser un accompagnement d’une quarantaine d’enfants de l’école pour qu’ils participent trois fois par semaine au Club de Lecture & Ecriture.
Quelles directions futures ?
Après 30 ans, nous estimons que nous devrions passer la main aux jeunes ; nous nous réjouissons de l’accueil de cinq jeunes de moins de 35 ans lors du dernier renouvellement de la direction du MPRB. Dans la même lignée, une étude sociologique dirigée par le sociologue Ibrahim Koodoruth et son équipe sur la situation et les attentes des jeunes du quartier de Roche Bois et des alentours a été initiée. Ceci afin de développer un plan d’action approprié pour nos actions futures sur le terrain et réajuster notre stratégie d’intégration sociale et de combat contre la pauvreté.
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